carte IGN : source Géoportail
Situé à environ 2 km au Nord-Est du centre d’Orches , ce polissoir est bien balisé depuis le village qui se trouve au Nord du département de la Vienne , dans une région frontalière entre les anciennes provinces du Poitou , de la Touraine et du Berry .
CONTEXTE : En proximité immédiate , il y a peu de monuments
mégalithiques : citons le menhir du Gué-de-Taparon à 4,3 km , le dolmen
d’Aillé à 7,9 km . Plus loin , à 16,8 km on trouve le dolmen et le menhir de
Doulx à Pussigny (37 ) , à 17,5 km le dolmen de la Pierre-Levée de Maisonneuve
à la Roche-Rigault ( 86 ) , à 17,9 km le menhir-polissoir de Souhé à Naintré (
86 ) .
Toutefois des gisements pourvoyeurs de matières premières susceptibles d’être employées à la
fabrication d’outils de pierre polie ( haches , herminettes , seps d’araire ,
ciseaux ) sont assez proches
géographiquement : silex de la région du Grand-Pressigny , pour
l’essentiel de la production locale . En ce qui concerne d’autres types de
roches tenaces, des travaux récents ont
montré que le nord-ouest du Limousin recelait des gisements de dolérite (
méta-dolérite épizonale de l’unité de Thiviers-Payzac * )
DESCRIPTION :
On trouve facilement le polissoir auquel on accède par un chemin forestier d’une centaine de mètres , aux coordonnées suivantes : N 46° 53’ 21’’ – E 0° 20’ 34 ‘’ . Situé sur un point culminant local , il fait partie d’un affleurement de volumineux blocs de roche dure : Il s’agit de poudingue , conglomérat siliceux d’origine sédimentaire contemporaine du tertiaire ( Eocène ) , qui constitue les « perrons » , rencontrés uniformément dans la région-centre , et particulièrement en Touraine .
Ph . M.Ravoisier
Il s’agit d’un assez volumineux bloc de 1,40 m sur 1,10 m ,
dépassant le sol de 0,90 m ce qui laisse conjecturer une hauteur globale de
1,35 m . En accordant la valeur de 2,5 à la densité supposée du matériau , cela
permet d’évaluer la masse du bloc à environ 5 T .
La face supérieure de la formation rocheuse , pratiquement horizontale est
porteuse de huit stries de polissage , toutes orientées selon le grand axe du
bloc , de longueur variable , de profondeur
3 à 4 cm , avec un profil en U .
Il n’y a pas de trace évidente que l’objet ait comporté de cuvette de polissage
.
Dessin M.Ravoisier
Dans l’ensemble , l’objet est tout à fait comparable quoiqu’en plus petit , au polissoir de la Pierre-Birette , initialement situé au Petit-Pressigny ( 37 ) et qui a été transféré en 1954 dans la cour du château-musée du Grand-Pressigny où il se trouve actuellement .


faces latérales . Ph.M.Ravoisier
Une recherche attentive sur les autres blocs de
l’affleurement n’a pas permis de retrouver d’autres traces de polissage comme
cela est le cas par exemple en Mayenne : polissoirs des Landes à
Montreuil-Poulay où au moins 3 blocs furent exploités à des fins de polissage , les polissoirs du Moulin-du-Gué à Neuvy-le
Roy ( 2 blocs ) , ou encore à Chissay , ( 41 ) : 3 blocs en 2
groupes distant d’une centaine de mètres .
Il est vrai que , dans le contexte de
l’affleurement , seul le bloc portant des traces de polissage présente une face
supérieure bien plane et horizontale .
CONCLUSION : Ce témoignage de l’activité
créatrice des hommes du néolithique , bien conservé , dans une région où les
sources de matières premières sont relativement proches , présente une
intérêt certain .
Une mention particulière doit être accordée quant à la signalisation qui
facilite la découverte de l’objet et à la façon dont il est mis en valeur par
l’accès et l’entretien dont son environnement fait l’objet de la part de la
commune dans un environnement sylvestre et plaisant .
M.Ravoisier
*Vuaillat Dominique, Santallier Danielle, Ploquin Alain, Floc'h Jean-Pierre. Les haches néolithiques limousines ; étude géochimique des matériaux méta-doléritiques. Conséquences archéologiques et géologiques. In: Revue d'Archéométrie, n°19, 1995. pp. 63-78; doi : https://doi.org/10.3406/arsci.1995.928 https://www.persee.fr/doc/arsci_0399-1237_1995_num_19_1_92