mardi 23 juillet 2024

SORTIE "MEGALITHES" DU 21 JUILLET 2024

 

DE « PALETS EN BOGUES » DE GARGANTUA : BALADE PARMI QUELQUES MEGALITHES DU SUD-TOURAINE.

Polissoir du Petit-Pressigny : La « Pierre-Birette » ou « Pierre du Diable » :

Initialement situé près du château des Bordes , au Petit-Pressigny , ce polissoir a été offert par son propriétaire au château-musée du Grand-Pressigny , où il  a été transporté le 1er Juin 1954 , et où il est resté depuis lors . ( Sur cet évènement , voir sur internet  le film d’archives : https://memoire.ciclic.fr/11586-activites-au-musee-de-prehistoire-du-grand-pressigny )

 

                             


Il s’agit d’un bloc de poudingue de 2m,20 X lm,70 à la base et dépassant initialement du sol d’environ  0m,80. Il présente 7 rainures nettes et 8 autres traces de polissage moins marquées .

 


                                            

Dans le folklore berrichon , une «  birette » est un esprit malveillant , un sorcier jeteur de sorts . A Bué-en-Sancerre (18) , ce passé folklorique revit sous forme de la « fête aux Birettes » qui a lieu chaque année début Août .

 

Le dolmen de Charnizay : « les Palets de Gargantua »


 




   

 

 

Sur l’origine cette curieuse structure , on ne peut formuler que des hypothèses : dolmen détruit ? dolmen incomplet ? C’est cette dernière version que semblerait retenir la plaquette officielle de présentation du monument . On notera le caractère monumental des blocs utilisés , qui s’avèrent également assez bien équarris : on pourrait évoquer sur ces critères une structure de type angevin , ce qui ferait remonter le monument au Néolithique moyen ( 4000 – 3500 AEC ) . Cette conjecture repose uniquement sur une impression architecturale car on ne trouve pas de référence au sujet d’éventuelles fouilles

Selon la légende : « La femme de Gargantua transporta ces palets au champ de l’Humiau dans son tablier de noces » ( J.M.Rougé ) . Gargantua s’exerçait à les lancer .
Le matériau est un poudingue .

 

Le dolmen de Paulmy : « La Pierre chaude »

 

             

Structure plus « classique » que la précédente : on retrouve 6 orthostates et une dalle de couverture à demi effondrée à l’intérieur , ce qui la rapproche des « dolmens simples » de la région-Centre , à comparer avec les dolmens du Liège à Montrésor , de Marcilly-sur-Maulne , ou de Maupertuis à Lhomme (72) . Ce type d’architecture signerait une construction plus récente que les « dolmens angevins » : plutôt Néolithique récent , voire final , soit 3500 – 2500 AEC .
Côté Est , le dessin qui figure sur la dalle de couverture évoque une hache . Il s’agit d’un lusus naturae et non d’un artefact anthropique .

Concernant d’éventuelles fouilles archéologiques , on retrouve rapporté par dans l’inventaire de G.Cordier le morceau de bravoure suivant : ( Juillet 1887 ) 


 


 « Les fouilles, exécutées sous la direction de M. Chauveau, ancien instituteur à Barrou, n'ont pas été très fructueuses. Poussées jusqu'à lm,20, limite supérieure d'une couche de glaise qui n'a évidemment jamais été remaniée, elles ont eu pour résultat la découverte d'un certain nombre d'ossements humains et d'animaux mélangés avec un peu de charbon et des cendres dont on apercevait la trace dans les terres environnantes. A ces ossements, il faut ajouter les débris de plusieurs vases et de pierres travaillées de main d'homme » . Les ossements comprenaient, entre autres, un « crâne assez bien conservé» dont Dubreuil- Chambardel put déterminer l'indice: 80 (Touraine préhist., p. 60-61) (43).

La tradition rapporte que la Pierre Chaude servait « soit de siège pour les fées, soit de billot afin que les druides égorgent leurs victimes» (Fournier).

Le dolmen du « Chillou-du-Feuillet » à Balesmes , commune de Descartes : 




                 

Située au milieu des champs cette structure aurait été selon G.Cordier totalement vidée et remblayée à une époque inconnue . Toutefois , ont été ultérieurement recueillis quelques éclats bruts , des fragments de lame et de céramique néolithique ainsi que quelques ossements humains et animaux  

                                  

Une interrogation se pose quant à la forme initiale du monument , l’orthostate d’entrée situé au sud étant très nettement divergent de l’axe du monument  mais également de son homologue côté nord . Il est vrai que les environs immédiates révèlent d’assez nombreux blocs de moyenne ampleur : restes de cairn ou fragments issus du débitage partiel de la structure ? Il est possible que des éléments constitutifs : orthostates ou dalles de couverture aient été déplacés au cours des siècles .
Le matériau est un grès ferrugineux de couleur ocre à brun-foncé .
La légende rapporte qu’il s’agirait – là encore – de palets utilisés par Gargantua , qu’il aurait utilisés pour viser la « bogue » de la pierre percée de Draché .

 

Le dolmen de la « Pierre-Levée » de Confluent , à Yzeures-sur-Creuse :

Au confluent de la Gartempe et de la Creuse , près du hameau éponyme de « Confluent » se trouve le dolmen de la « Pierre-Levée ».


              
                        

Comme le dolmen de la « Pierre-Chaude » à Paulmy , il s’agit vraisemblablement d’un « dolmen simple » , comportant encore 3 piliers en place ( poudingue )  , dont 1 brisé en 3 fragments côté ouest et une volumineuse dalle de couverture ( meulière lacustre )  .


          
                

Son intérêt majeur est d’être le seul dolmen du département à conserver une partie de son péristalithe : c.à d. le cercle de pierres que l’on voit au premier plan sur la photo , à l’Ouest du monument , un unique bloc demeurant à l’Est . Cet élément d’architecture servait vraisemblablement à caler la périphérie du cairn qui entourait et recouvrait la structure .

D'après Dubreuil-Chambardel, ce dolmen a été fouillé et « on y a trouvé des ossements humains» ( Touraine préhist., p. 60 ).

 

Menhir de la « Pierre-Percée »  de Draché , ou « Pierre des Arabes » ou « Pierre des Erables » :

Ce beau menhir , un des plus hauts du département , tire son nom de la tradition locale qui veut que , après la bataille de Poitiers , des combattants Arabes aient été inhumés à proximité , le terme d’ « érable » provenant de la corruption du mot « arabe ».

             


                                   

Il s’agit d’un fragment de grande dalle en calcaire spathique de 3,55 m de haut, pour une largeur de 1,90m et 0,80 d’épaisseur. La perforation a des dimensions de 0,35 x 0,23 m . D’origine naturelle , il semblerait qu’elle ait été « complétée » par bouchardage . Il y a lieu de s’interroger sur l’utilisation assez fréquente d’éléments présentant des  perforations naturelles ou artificielles , dans l’architecture mégalithique : orthostates ou dalles de couverture , menhirs … Ne doit-on pas indéniablement y ressentir une notion de « passage » : passage de l’ombre à la lumière ,  d’un monde à l’autre ? Les serments échangés au travers de cette ouverture auraient ainsi une valeur particulière .

On décrit sur la face Nord des « degrés taillés » dans la roche , il semblerait plutôt que l’on ait affaire à des stigmates d’extraction sur la face d’arrachement .

Un sondage a été réalisé en 1910 au pied du menhir qui aurait révélé quelques éclats de silex non retouchés et un fragment de poterie à pâte noire .

Enfin , il s’agit d’une « bogue » de Gargantua , propre à être visée par ce dernier au moyen des « palets » voisins .

En remontant vers Sainte-Maure , nous trouvons assez rapidement le dernier élément de notre périple :

Le « Dolmen de la Pierre-Fondue » ou « Dolmen de Boumiers » ou encore «  des Bommiers » à Sainte-Maure de Touraine : 



         


Il s’agit d’un dolmen rectangulaire conservant 2 orthostates à droite  , 1 à gauche , tous fortement inclinés vers l’intérieur . La dalle de couverture , de 3,50 m x 2,30 m semble avoir fait l’objet d’une tentative de traction vers le Nord . La dalle de chevet est largement débordante sur les 2 orthostates . Une dernière dalle , ou fragment de dalle gît au sol dans l’entrée , presque totalement enterrée .     

            

                     

                 

Pour ces différentes caractéristiques  on peut évoquer la possibilité qu’il s’agisse à l’origine d’un « dolmen angevin » , profondément remanié par la suite , la dalle enterrée de l’entrée pouvant être interprétée comme le vestige d’un portique . Une autorisation de fouilles  aurait été demandée vers 1865 ( Bourassé ) dont les suites sont inconnues .


                  

Je vous remercie de votre attention .

M.Ravoisier

Crédit illustrations :

-          Dessins : G.Cordier . Gallia préhistoire. Suppléments, supplément 1-1, 1963. Inventaire des mégalithes de la France. 1 — Indre-et-Loire

-          Photos : M.Ravoisier

Bibliographie : G.Cordier . Gallia préhistoire. Suppléments, supplément 1-1, 1963. Inventaire des mégalithes de la France. 1 — Indre-et-Loire*

Louis Bousrez : Les monuments mégalithiques de la Touraine . Etude générale , inventaire et description . Louis Bousrez libraire-éditeur , Tours 1894 .

M.Gruet : Mégalithes en Anjou . Edition actualisée par C.T. Le Roux . Editions Cheminements . 2005 .

J.M.Rougé : Voyage en Touraine inconnue , Editions C.L.D. normand & Cie éditeur , 3e édition , 1976 .

 

 


vendredi 5 juillet 2024